Un prophète est un homme qui reçoit une mission: être porte‑parole littéralement. A son corps défendant bien souvent, il ose prendre la parole, non pas la sienne, mais celle du Seigneur qui l’envoie.
Un métier à risques
Un prophète est à l’opposé d’un démagogue: il dérange.. Il est envoyé pour avertir, à un moment donné, une religion ou une société qui ne voit pas, ou ne veut pas voir, qu’elle dérive dangereusement et va dans le mur comme on dit aujourd’hui.
Une mission à hauts risques: les trois témoins qui prennent la parole dans les textes d’aujourd’hui en ont fait l’expérience: Ezéchiel, dépêché auprès d’un « peuple de rebelles »; Paul conscient de ses faiblesses; Jésus mal reçu « dans son propre pays et dans sa famille ».
Une vigie pour le monde
Les prophètes sont une chance pour le monde… Les pires périodes de l’histoire d’Israël ont été celles où ces messagers avaient été éliminés. Un monde sans prophètes serait un monde lâché par Dieu et livré à lui‑même, comme un enfant que ses parents n’avertissent pas! Or, le Seigneur « a envoyé inlassablement ses serviteurs, les prophètes » (Jr 29, 19) tout au long de notre histoire. Ils sont l’expression de son amour qui n’abandonne jamais.
Ils se lèvent de partout encore aujourd’hui, connus comme Jean‑Paul II, Jean Vanier, Mère Térésa, Helder Camara, Mgr Roméro, l’Abbé Pierre, ou inconnus… Ils dénoncent l’injustice et le mensonge au risque de leur vie. Ils élèvent la voix dans nos sociétés malades de leurs contradictions, où pullulent les sans domicile fixe, les sans travail fixe, les sans amour fixe, les sans morale fixe… Face aux idoles modernes, ils disent Dieu. Ils sont d’indispensables veilleurs.
Une mission pour les baptisés
Le baptême fait de nous des prophètes revêtus d’une onction à l’image de celle du Christ. Nous sommes donc mandatés pour être nous aussi des porte‑parole. Si nous démissionnons, qui le fera? Où ira le monde?
Dans nos responsabilités, nos rencontres et nos conversations, nous avons à dire une parole de foi, d’encouragement, d’optimisme lucide, même à contre‑courant. Nous avons des gestes courageux et généreux à poser. Nous avons des valeurs à défendre.
Quel accueil faisons‑nous aux prophètes qui nous sont envoyés? Savons‑nous les reconnaître et accepter qu’ils nous remettent en cause? Leurs limites ou le simple fait qu’ils sont « de notre pays » ne doivent pas nous conduire à mépriser ou ignorer leur message…
Nous vivons le temps des prophètes au présent.