- Les chrétiens, ils m’agacent un peu, avec leur façon de te faire comprendre que eux, ils savent.
- Comment Cela ?
- Par exemple, ils ont un petit air pour laisser entendre que eux, ils ne se méprennent pas sur le vrai sens des choses. A Noël, par exemple. Eux, ils célèbrent la naissance du Sauveur. Les autres, ils fêtent, au mieux, l’enfance, la famille.
- Mais heureusement qu’ils ont une conviction ! Oui. Mais de là à penser qu’ils sont les seuls à jeter sur l’existence un regard lucide, et que les autres sont « paumés », égarés dans un monde désenchanté…
- Peut-être y-a-t-il de fait, comme tu le dis, une suffisance chrétienne. C’est d’ailleurs sans doute propre à tout groupe qui vit sur une conviction forte. Mais leur jugement est plutôt réaliste, non ? Et puis note toutefois qu’ils ne s’appuient pas sur eux-mêmes, mais sur le Christ.
- Mais tous les hommes sont, à certains moments de leur vie, apeurés par l’existence, celle qu’ils mènent ou celle qu’ils entrevoient pour l’avenir.
- Bien sûr. Nous sommes parfois, ces « brebis sans berger » qui ont fait pitié au Christ. Les chrétiens aussi connaissent la tristesse d’être veuf ou veuve, l’angoisse de voir un enfant qui s’égare, la dépression de ceux qui se jugent inutiles, et tant et tant de détresses individuelles ou collectives… Et aussi la peur de la mort, et l’abattement face à l’après la mort. On n’ose pas souvent l’avouer, mais qui ne connaît ces sentiments ?
- La foi devrait être un réel réconfort, non ?
- Elle aide à surmonter le désespoir, oui, Mais surtout, la foi permet de ranimer l’espoir chez les autres. C’est peut-être aujourd’hui la plus difficile et la plus urgente mission du chrétien.