LES DISCIPLES sont. partis en mission; ils ont marché, parlé, beaucoup écouté… Ils sont fatigués, une fatigue qui touche le corps et l’âme… Malgré la foule qui attend, le Christ les invite à se mettre à l’écart, à reprendre souffle. Après le temps de la dispersion, voici le temps du rassemblement, rassemblement communautaire mais aussi personnel, intime.
Lorsque nous en faisons trop, nous avons le sentiment de ne plus bien savoir qui nous sommes. C’est toute notre personne qui est « dispersée », « éclatée ». Se mettre à l’écart, c’est alors prendre le temps de se « recentrer », de se re‑cueillir, de retrouver sa propre Source. Pour se donner, il faut accepter de se recevoir d’un Autre et, pour cela, accepter‑de « perdre » volontairement du temps, abandonner la montre, l’agenda et cette obsession contemporaine du « temps efficace » . . . Lorsque les « ouvriers » sont moins nombreux pour la « moisson », l’urgence paradoxale est d’oser s’arrêter.
Prenons garde aux dérives d’une Église où, devant l’immensité de la tâche, clercs et laïcs sombreraient dans un activisme spirituellement dangereux.
Comment dire Dieu à celles et ceux » vers qui nous sommes envoyés, si nous ne prenons pas le temps de nous ressourcer? Entretenons avec vigilance le jardin de notre âme si nous voulons que nos contemporains y trouvent encore des fruits savoureux.
« Efforce‑toi d’entrer dans le trésor de ton coeur et tu verras le trésor du ciel », conseillait déjà, au VIIe siècle, Isaac le Syrien.