Ceux qui vivent en état de dépendance le savent : se débarrasser de l’alcool, du tabac, de la drogue, c’est difficile. Quand on a entrepris de se désintoxiquer, on voudrait dire, et il arrive qu’on dise : stop, c’est trop dur, je renonce. Car la liberté exige un effort et la tentation est grande d’abandonner pour revenir à la dépendance antérieure. La dépendance n’est pas qu’à l’égard des drogues. Elle est aussi, par rapport à un pouvoir qui s’est longtemps imposé et qui a créé des habitudes. La soumission a son confort. D’une certaine façon, les Hébreux sont en pleine cure de désintoxication. La domination des Égyptiens n’était pas une partie de plaisir, du moins garantissait-elle le minimum vital. Ils courbaient l’échine, mais ils avaient de quoi manger. À présent ils apprennent à vivre libres, mais ils apprennent aussi le prix de la liberté. Devant leurs récriminations, Dieu leur donne la manne. Car la liberté a besoin de nourriture. Et Dieu qui a donné la liberté au peuple lui donne maintenant le moyen de vivre sa liberté. En pensant à l’évangile, on peut dire que la manne est déjà un pain de vie, de liberté.