L’ HISTOIRE de cet inconnu, qui commence par s’élancer vers Jésus pour se retirer dans la tristesse, peut laisser un goût amer ou se prêter à des interprétations moralisantes avec ce qu’elles impliquent de jugement sur soi‑même et sur autrui.
Mais de quoi s’agit‑il au juste? D’une rencontre avec jésus, marquée par un instant privilégié. « Posant son regard sur lui, jésus se mit à l’aimer. » Peut‑être l’essentiel est‑il là, dans ce regard d’amour qui inscrit l’homme de l’évangile dans une relation unique avec le Christ et lui ouvre un avenir nouveau. De fait, la parole qui lui est adressée l’invite à l’aventure en mettant à jour un manque qui, paradoxalement, est de l’ordre du « trop ». Appel donc à se désencombrer de ce qui pèse inutilement dans la relation, à élargir l’espace du coeur pour que Jésus puisse y faire sa demeure. Et pas lui seulement, mais aussi les pauvres auxquels il a choisi de s’identifier plus particulièrement.
La démarche se révèle ardue tant l’avoir ‑ quelle qu’en soit la nature ‑nous sécurise, nous valorise. L’homme ne fera pas le pas ‑ au moins dans les limites de ce récit. Et Jésus ne semble Pas s’en étonner, sachant sans doute qu’il lui faudra poser d’autres regards, prononcer d’autres paroles pour que l’homme soit suffisamment assuré de son amour, puisse lâcher prise et se libérer de ses entraves.
Avec l’aide de Dieu à qui « rien n’est impossible », sachons nous laisser saisir par l’amour du Christ.