« Finalement, es-tu roi ? » Roi des Juifs ou des autres, peu importe, somme toute. Es-tu roi ? Telle était, finalement, la question. Qui pouvait tout changer, pour Pilate et pour nous. Car au roi les honneurs. Faudrait-il désormais qu’on présente les armes ? Qu’on sonne de la trompette ? Qu’on ameute la presse, micros et caméras ? Que l’on crie des bravos ? Qu’on agite des drapeaux ? Et au roi le pouvoir. Faudrait-il désormais que l’on courbe l’échine ? Que l’on tombe à genoux ? Que l’on fasse serment d’entière fidélité ? Et nous serions alors les sujets de ce roi.
Ainsi interpellé, Jésus a répondu : « Oui, mais ma royauté ne vient pas de ce monde. » C’était clair, c’était franc. Et ce n’était pas nouveau. On aurait dû comprendre. Est-ce qu’un roi se débine quand la foule en liesse veut le porter en triomphe ? Est-ce une joyeuse entrée si le roi est un pauvre et monté sur un âne ? Est-on roi si l’on a comme trône une croix, comme sceptre un roseau, comme couronne des épines ? On aurait dû comprendre. Mais il est plus reposant de ramper, s’allonger, que de se tenir debout. Et voilà que ce roi nous secoue en disant, lui-même, échec au roi ! Puis il a ajouté : « Je suis venu pour ceci. Pour rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix. » Ainsi donc, désormais, plus question pour personne d’être sujet, d’appartenir, sauf à la vérité. Même pas à Jésus, qui en est le témoin. Plus question pour les hommes, plus question pour les femmes d’hier et d’aujourd’hui d’être aux mains du pouvoir des riches et des puissants, et des propriétaires, de ceux qui savent, de ceux qui ont, des chefs et des savants, des Eglises et des religions. Avec lui, plus de roi. La vérité est reine.