OUVRONS GRAND NOS OREILLES ! Écoutons avec bienveillance l’implacable réquisitoire d’Amos contre les classes aisées de Jérusalem : elles mangent et boivent les mets les plus fins sans se soucier de l’injustice qui sévit en Israël, elles se prélassent dans leurs palais sans se préoccuper de la misère qui touche le peuple de Dieu. Malheur à elles! Elles seront déportées.
Ouvrons grand notre coeur ! Accueillons la sentence sans appel qui frappe l’homme riche dans la parabole du pauvre Lazare :« tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation, et toi, c’est à ton tour de souffrir.» Comment comprendre ces jugements! L’Écriture est-elle contre les riches ? Non, l’Écriture ne condamne personne, si ce n’est le père du mensonge. Sa sévérité ne cherche pas la mort du pécheur mais sa conversion. Le prophète Amos dénonce une situation injuste, profondément inhumaine, insupportable à Dieu.
La parabole de Jésus jette une lumière crue sur l’absence de compassion de cet homme qui vit dans le luxe alors, qu’à sa porte, le pauvre ne bénéficie pas même du régime accordé aux chiens de la maison. Or l’injustice, la dureté de coeur, aboutissent nécessairement à la mort car elles blessent le Seigneur dans ceux qui lui sont les plus chers : les pauvres, les faibles, les petits.
C’est pourquoi l’inflexible rigueur de l’Écriture participe paradoxalement du plan de salut de Dieu « qui veut que tous hommes soient sauvés» (1 Tim 2, 4). Elle en appelle, avec pédagogie, à la responsabilité et à la liberté de l’homme. Elle lui rappelle que si la miséricorde du Seigneur est infinie, sa justice ne l’est pas moins.