Pas étonnant qu’il revienne, l’étranger! Impossible pour lui d’aller vers les prêtres juifs pour faire reconnaître sa guérison: les samaritains étaient méprisés par les juifs depuis des siècles! Du coup, voilà l’étranger renvoyé à sa solitude alors que le mal qui défigure lui avait donné place dans le groupe pitoyable des dix lépreux.
Le samaritain guéri va accomplir, lui aussi, une démarche. Pour glorifier Dieu, se prosterner, rendre grâce… Mais il a trouvé Dieu ailleurs que dans les enceintes sacrées et dans les cérémonies que célèbre le clergé. Son temple et son prêtre sont au bord du chemin: un homme fragile et suspecté, un Galiléen qui passe, un visage attentif, Jésus…
Les neuf autres lépreux sont encombrés par leur religion et ses rites. Mais n’est-ce pas Jésus qui les a envoyés vers les prêtres ? Pourquoi s’étonne-t-il de ne pas les voir revenir? Humour subtil de sa question…
L’homme guéri, c’est vous, c’est moi. Mais attention à notre chemin: c’est vers Jésus qu’il faut toujours revenir pour guérir encore, pour apprendre à « adorer le Père en esprit et en vérité ». Aucun rite, aucune doctrine, aucune construction n’enferme cet imprévisible chemin.
Gérard BESSIÈRE