«Et vous vivrez» : voilà sans doute le mot‑clef de ce 5ème
dimanche de Carême. A l’approche de Pâques, nous sommes déjà orientés à la Résurrection.
«Je vais ouvrir vos tombeaux,» dit le Seigneur dans le livre d’Ezékiel. De quels tombeaux avons‑nous à sortir ? Non pas seulement de ceux qui envahissent nos cimetières : la compassion, la miséricorde, l’amour du Père, peut seul nous en délivrer. Notre espérance de vie éternelle repose sur notre confiance. Au‑delà du passage par la mort, nous serons remis entre les mains de tendresse de Dieu. Mais c’est dès aujourd’hui que le Seigneur veut nous voir vivre, veut nous aider à vivre : «Je mettrai en vous mon Esprit et vous vivrez.» Car l’Esprit‑Saint est en nous souffle créateur, force de vie, réveil de notre fraternité et même de notre imagination. Il dynamise notre capacité à aimer, s’il est vrai que «vivre, c’est aimer>. I L’apôtre Paul, dans sa lettre aux Romains, insiste sur la force de résurrection que nous donne l’Esprit‑Saint. Ce que Dieu a fait en ressuscitant jésus d’entre les morts, il le fera pour nous aussi. Aucune affirmation de notre foi, peut‑être, n’est aussi réconfortante. Et sans doute davantage lorsque, avec l’âge, nous ressentons encore plus nos «corps mortels». L’Esprit prend soin de notre futur. Il est en nous santé, paix, sereine espérance.
Il serait plus juste de parler de réanimation à propos de ce que raconte l’évangile de jean à propos de Lazare. Car celui à qui le Christ crie, d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » n’est pas ressuscité au sens où cela est arrivé à jésus. Lazare n’a pas connu la vie nouvelle dans l’au‑delà. Il ne pouvait rien nous dire sur ce que sera le «corps spirituel» annoncé par saint Paul. Mais Lazare, un des amis de jésus, nous dit que l’amitié du Christ pour les siens (c’est‑à‑dire pour chacun de nous) n’est pas vaine. Elle est de nature humaine, on pourrait dire charnelle, puisqu’elle touche jusqu’aux larmes. Elle est de nature divine, puisqu’elle est victorieuse de la mort.Tel est sans doute le sens profond de ce «signe».
N’oublions pas les deux soeurs, Marthe et Marie, également attachées à leur frère Lazare et à leur «maître» Jésus. Leur prière doit être pour nous un modèle. Elles informent le Christ de la maladie de leur frère : «Celui que tu aimes est malade.» Elles ne quémandent rien, elles n’exigent rien. Et Jésus pleure d’abord en voyant le chagrin de Marie, avant de la consoler, et de lui rendre vivant son frère aimé.