Ils étaient réunis tous ensemble


Ils étaient réunis, tous ensemble, et c’était le cinquantième jour. Peut-être avaient-ils peur. Peut-être se sentaient-ils délaissés, dépassés. Quand on a l’impression que tout change trop vite, qu’on ne respecte plus les vieilles traditions, que le monde tourne à rien, il arrive parfois que l’on fasse marche arrière, qu’on s’arrête, qu’on s’enferme avec ses certitudes et ses condamnations, avec son catéchisme et ses affirmations, comme pour se protéger de l’extérieur, du monde. Et l’on reste entre soi. Et l’on tient un langage que personne ne comprend.

Mais soudain, il y eut comme un vent violent. On a beau s’enfermer, on a beau se blottir dans les bras l’un de l’autre, vient toujours un moment où l’Esprit du Seigneur vous secoue, vous relève et vous pousse au dehors. II suffit d’une rencontre, d’une conversation, d’une lecture d’Evangile, d’une main qui se tend, d’un geste qui accueille, d’une confiance qui se donne, d’un amour qui se livre. Alors, loin des prudences et des sermons tout faits qui ne dérangent personne, on sort, on ose, on parle et cela fait du bruit.

Car prenez la défense du petit et du pauvre, de celui qu’on exploite, de celui qu’on rejette, et tout le monde comprend. Dites que l’homme, que la femme, que le couple, que le jeune passent avant toute loi et toute interdiction, pas besoin de traduction, tout le monde comprend. Affirmez que l’argent et son mauvais usage suscitent la colère et tiennent bien plus de place dans les Evangiles que tout ce qui concerne la sexualité, dont nous faisons pourtant un cheval de bataille, et tout le monde comprendra. Ainsi entendrons-nous proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu.

Les raisons du coeur


Méditation Pentecôte


En ce jour de Pentecôte, les textes nous invitent à découvrir dans la manifestation de l’Esprit Saint, le merveilleux amour du Père…

Les Actes des Apôtres situent la venue de l’Esprit saint au jour de la Fête de la Cinquantaine (50 jours après la Pâques). C’était le jour où l’on fêtait, à Jérusalem, l’Alliance de Dieu avec son peuple au Sinaï. Cette date a évidemment un sens : la présence définitive de l’Esprit sur notre terre, c’est une Alliance «nouvelle et éternelle» avec l’humanité qui commence, selon les termes même de jésus au soir du jeudi saint. L’ancienne Alliance est transformée radicalement par la venue du Fils en notre chair. Elle ne s’écrit plus au futur : «Je serai avec vous», mais au présent : «Je suis avec vous, jusqu’à la fin des temps.» Il ne s’agit plus d’un contrat, fût‑il en bonne et due forme, il s’agit d’un lien d’amour, celui qui unit le Père et le Fils. Et ce lien est aujourd’hui étendu à toute l’humanité. Le miracle de la Pentecôte n’est pas d’abord que ce jour‑là Egyptiens, Romains, Arabes… entendent en leur langue les paroles des Apôtres. C’est que tous, tous les humains sont déjà, par l’Esprit, en mesure «d’entendre les merveilles de Dieu».

Les amis de Jésus proclament en effet les merveilles de Dieu. Ils vont ensuite demander une conversion morale, ils vont fixer les conditions d’entrée dans la communauté, ils iront jusqu’à imposer des interdits. Mais tous ceux qui parlent au nom de l’Eglise (tout baptisé) ne devraient jamais oublier que la première communication chrétienne dit à tous la merveille de la présence de l’Esprit en nous. Le divin est en chaque homme. Au fond de son coeur, chacun peut rencontrer Dieu. Merveilleux amour du Père !

Dans sa 1ère  lettre aux Corinthiens, saint Paul affirme : «Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres» sont baptisés pour former un seul corps. Il n’y a plus de païens (au sens où en parlait l’apôtre), il n’y a plus d’esclaves (au sens juridique de ce mot). Mais nous pourrions aujourd’hui transposer : «Chrétiens immigrés ou français, employés ou patrons, hommes de droite ou de gauche…» nous formons un seul Peuple, par delà nos différences. «L’autre», quel qu’il soit, est aussi animé par l’Esprit.

Saint Jean, dans l’évangile de ce jour, montre bien la «manière christique» de rencontrer tout homme, toute femme : il suscite la joie et il apporte la paix. L’Esprit de Pentecôte est bien l’Esprit de jésus. Le péché n’est pas premier, mais le pardon. La crainte n’est pas première, mais l’amour. Merveilleux amour du Père !

Pour introduire les lectures Pentecôte


1ère lecture : Ac. 2,1-11 : Le don des langues

Remplis de l’Esprit Saint au matin de la Pentecôte, les Apôtres reçoivent en particulier le don des langues ; ils peuvent ainsi s’adresser aux gens venus en pèlerinage à Jérusalem de toutes les parties du monde : chacun les comprend dans sa propre langue ;

2ème lecture : 1 Cor 12,3-13 : L’unité dans la diversité

Saint Paul rappelle à ses correspondants, les  Corinthiens, que si les dons de l’Esprit sont multiples et variés, ils ne sont accordés que pour le bien commun : en aucun cas, ils ne doivent porter atteinte à l’unité des églises.

3ème lecture : Jn. 2O,19-23 : Le don de l’Esprit Saint aux Apôtres le soir de Pâques

Le soir même de la Résurrection, le Seigneur apparaît à ses Apôtres, réunis vraisemblablement au Cénacle ; il leur communique l’Esprit Saint pour les rendre capables de remplir la mission qu’il leur confie ; en particulier celle de réconcilier les hommes pécheurs avec Dieu, son Père.

Un grand vent


Portons dans la prière 7 sem de pâques


Jésus prie le Père et lui confie les hommes. Que notre prière rejoigne donc celle de Jésus.

  • Dieu notre Père, créateur du monde, nous te confions les dirigeants de ce monde. Inspire-leur la justice, la recherche de la paix, et l’attention aux plus pauvres. Nous t’en supplions.
  • Dieu notre Père, toi le seul vrai Dieu, nous te confions l’Eglise du Christ. Eclaire ceux qui ont la charge de la gouverner, donne-leur l’Esprit de sagesse. Nous t’en supplions.
  • Dieu notre Père, Père de tous les hommes, nous te confions les oubliés, les délaissés. Suscite auprès d’eux des témoins de ton amour, des messagers de ta bonté. Nous t’en supplions.
  • Dieu notre Père, tout-puissant en amour, nous te confions toutes nos familles. Apprends-nous le partager et le dialogue, apprends-nous le pardon qui réconcilie. Nous t’en supplions.

Dieu de toute grâce, avec Jésus qui a donné sa vie pour nous sauver, nous te confions tous nos frères. Vienne ton Esprit pour illuminer le monde ! Nous te le demandons, par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Les textes de ce ème dim de pâques nous préparent aujourd’hui à recevoir l’Esprit Saint.


Les Actes des Apôtres nous montrent les amis de jésus qui se sont regroupés après la mort et la résurrection de leur Maître. Ils sont tous là, d’un seul coeur les Onze, Marie, ses proches, et ceux de la famille qui semblent avoir mieux compris qui était leur «frère». Ils sont là, au Cénacle, le lieu où jésus avait fait ses dernières confidences, où il avait librement offert sa vie, pour nous et pour la multitude des humains. Ils repassaient en mémoire les événements, les confrontaient aux annonces des Prophètes, «ils participaient fidèlement à la prière». Prendre du recul devant Dieu, c’est bien ce qui nous est proposé dans toute retraite spirituelle.

La présence physique de jésus leur manquait : il était monté au ciel. Il leur fallait vivre sans ce visage bien‑aimé. Et l’Esprit Saint n’était pas encore venu sur eux. Ce qui s’imposait à eux, c’était seulement d’ouvrir leur coeur. Et Marie leur montrait ce qu’apporte une confiance invincible.

On a pu comprendre, par la 1ère lettre de Pierre, lue aujourd’hui, que l’apôtre nous demandait de nous réjouir de toutes nos souffrances. Mais non, le masochisme n’est pas chrétien ! Jésus ne nous veut ni tristes, ni souffrants. Il est venu nous apporter la vie, la joie. Quand la souffrance vient, surtout quand elle nous vient parce que nous portons le nom de chrétien, l’Esprit Saint peut être en nous santé, paix du coeur, allégresse de cette foi, plus forte en nous que toute mort. Toute souffrance humaine doit être combattue, refusée. Par tous moyens humains. Par tous moyens spirituels.

«La vie éternelle, c’est de te connaître, toi le seul Dieu», nous dit l’évangile de jean en ce jour. Lorsque nous connaissons d’une connaissance d’amour notre Père des Cieux, là est le salut. Tout prend sens, «même le péché», a écrit saint Augustin. Et nous devenons des vivants, aujourd’hui et à jamais. Reconnaître Dieu dans ma vie, «trouver dans ma vie sa présence», c’est n’avoir plus peur de rien, c’est se mettre à l’écoute de l’Esprit pour vaincre tout mépris, toute indifférence.

Allez dans le monde entier !


A l’heure où Jésus passait de ce monde à son père, il pria ainsi :

Père, l’heure est venue : Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie…

La gloire…

Nous avons du mal à comprendre ce mot biblique !

Nous sommes tellement saturés de gloire humaine, de gloriole !

La gloire dont parle la Bible désigne le « poids », la valeur profonde de quelqu’un.

Glorifier une personne, c’est reconnaître ce qu’elle est vraiment,

et c’est la respecter, l’honorer en conséquence…

Tu es venu, Jésus, nous révéler le mystère de la Gloire de Dieu.

Tu l’as glorifié en nous manifestant son cœur de Père :

Le Père lui-même vous aime ! (Jn. 16,27)

Ta venue parmi nous est la preuve suprême de son amour paternel pour nous.

Il t’a envoyé pour que le monde soit sauvé,

pour que tous les hommes vivent éternellement avec lui…

L’heure est venue pour toi de retourner près de lui.

Tu as rempli ta mission,

Il te reste à passer de ce monde au Père par la mort et la résurrection

Et ainsi à ouvrir la maison paternelle à tous tes frères et sœurs de la terre,

à leur donner la vie éternelle…

Dans une dernière prière tu résumes ta mission :

Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie !

Nous nous unissons à ta prière, Jésus.

Oui, Père, glorifie ton Fils.

Fais que Jésus que tu as envoyé soit reconnu par tous les hommes

Pour ce qu’il est vraiment : ton Fils unique,

Le Messie promis, l’unique Sauveur, le seul Chemin qui conduit vers toi…

Afin que le Fils te glorifie,

Afin que tous les hommes, devenus tes enfants en lui, membres de son corps,

Puissent te glorifier, te reconnaître comme Père ?

Que tous t’aiment avec un cœur filial, du même amour que Jésus…

C’est cela la vie éternelle, commencée sur terre dans la foi…

Te connaître et connaître Celui que tu as envoyé…

Connaître au sens biblique : aimer, vivre avec…

La   Gloire


  • La gloire, au sens hébreu du mot, c’est « ce qui donne du poids », « ce qui en impose », ce qui appelle considération d’autrui : c’est l’honneur, la renommée. Rendre gloire à quelqu’un, c’est reconnaître ses mérites, son importance, sa puissance ou son autorité.
  • Pour un Israélite, la gloire de Yahvé, c’était l’attribut le plus saint et le plus redoutable de Dieu, c’était Dieu même en tant qu’il se révèle en sa majesté, sa puissance, l’éclat de sa sainteté. La gloire de Dieu impose à l’homme le respect : devant elle, on se voile la face (Exode 33,22).
  • Dieu révèle sa gloire dans la beauté de la création, dans le feu ou la nuée, dans le tonnerre et dans l’orage, dans la lumière qui accompagne l’apparition des anges, ou qui rayonne sur les visages. Il se manifeste ainsi pour soutenir son Peuple, le sauver, le sanctifier, le gouverner dans l’exercice de sa justice sur le monde.
  • On attendait pour l’avenir que la gloire de Dieu illumine la Jérusalem nouvelle. Alors, toutes les nations monteraient vers cette Gloire.
  • La formule par laquelle on rend gloire à Dieu s’appelle une doxologie. Ces louanges sont fréquentes dans le Nouveau Testament. Par exemple, dans la Lettre aux Romains : » tout est de Dieu, et par Lui, et pour Lui. A Lui la gloire éternellement. » (11, 36)
  • Jésus Ressuscité apparaîtra dans le plein déploiement de la puissance de son Père et de la sienne. En tant que Verbe de Dieu, il possédait cette gloire avant le commencement du monde (voir évangile de ce dimanche). Jésus a montré sa gloire en sa personne divino-humaine, en son autorité, en ses miracles, en son activité terrestre, en sa transfiguration, en sa mort volontaire par laquelle il attire tout à lui (Jean 3, 14). Sa gloire, c’est d’être crucifié, c’est-à-dire d’accepter l’ingratitude des hommes et d’y répondra par un surcroît d’amour qui va jusqu’au pardon. Et la gloire de Dieu n’est pas de s’imposer aux hommes, mais de les aimer au cœur même de leur refus.
  • La gloire du Christ est aussi celle du chrétien. Jésus a dit que lorsque ses disciples sont unis à lui comme les sarments sont unis au cep, ils portent beaucoup de fruits et ainsi, ils rendent gloire à Dieu. Alors, en voyant ces fruits, les hommes à leur tour rendent gloire à Dieu. (Jean 15 5-9)
  • L’espoir de cette gloire est déjà garanti par le don de l’Esprit : « Ceux qu’il a justifiés, Dieu les a glorifiés » (Romains 8, 30). Le Christ nous donne la gloire qu’il a lui-même reçue du Père.

Vers le Christ, vers le Père


Jésus fait le bilan devant son Père et nous attire au cœur de leur relation.

Sur son visage, le rayonnement d’une infinie reconnaissance : « Je suis venu de toi… je viens vers toi. »

Toute sa vie, tout son mystère tiennent dans cette trajectoire lumineuse. Ce visage est celui de l’abandon, de l’amour vécu dans un partage total : « Tout ce qui est à moi est à toi, comme toi ce qui est à toi est à moi »

Le visage unique du Christ veut rayonner en chaque être humain. Son mystère est la clé de notre mystère.

« Seigneur, nous croyons que le Sauveur des hommes est auprès de toi dans la gloire ; fais-nous croire aussi qu’il est encore avec nous jusqu’à la fin des temps. »

Par lui, avec lui et en lui, nous appartenons au Père.

Il prie pour nous. Ayons en nous-mêmes le même amour que celui du Père pour le Fils.