Textes non bibliques pour les funérailles


En accord avec le prêtre, vous pouvez également sélectionner des lecturesqui ne sont pas extraites de la Bible. En voici quelques-uns, issus de diverses traditions spirituelles ou textes profanes. Voyez avec le prêtre comment les situer dans la célébration

L’huile de nos lampes

Ne vous imaginez pas que l’Amour, pour être vrai, doit être extraordinaire.Ce dont on a besoin, c’est de continuer à aimer.Comment une lampe à huile brille-t-elle, si ce n’est par l’apport continuel de petites gouttes d’huile?S’il n’y a plus de goutte d’huile, il n’y aura plus de lumière et l’époux dira: «Je ne te connais pas…»Mes amis, que sont ces gouttes d’huile dans nos lampes?Elles sont les petites choses de la vie de tous les jours: la joie, la générosité, les petites paroles de bonté, l’humilité et la patience, simplement aussi une pensée pour les autres, notre manière de faire silence, d’écouter, de regarder, de pardonner, de parler et d’agir.Voilà les véritables gouttes d’amour qui font brûler toute une vie d’une Vive Flamme.Mère Teresa, Jour après Jour

Et si l’ombre était lumière..

Et si ce que nous appelons l’ombre était la lumière, si l’être perdu était à jamais retrouvé parce qu’il est devenu un être de lumière qui veille sur nous et nous environne par tous les côtés…Car les morts peuvent plus pour nous que les vivants, ils sont heureux lorsque nous sommes heureux, eux qui font leur chemin à l’envers ou à l’endroit de l’envers dans l’autre dimension.Et si nous disions qu’ils ont quitté la vie pour rentrer dans une autre sorte de vie, qu’ils sont des messagers, des voyageurs, des anges gardiens plus attentifs à nous que jamais…Car, en l’autre vie, ils entendent tout, tout ce qui vient de cette vie-ci est amplifié, répercuté mille fois dans l’autre.Si nous voulons que ceux qui sont partis soient heureux, il nous faut être heureux pour les laisser partir, pour les laisser vivre leur vie hors vie, tout comme sur terre…Julos Beaucarne,

7Je crois à la bonté humaineJ

e crois à la bonté humaine.Comme je crois au printemps,Quand je vois fleurir les chatons de saule.Je crois en l’être humain.Je crois en l’homme, en la femme simple.Je crois en ces hommes et ces femmesQui vivent et qui rient,Qui se réjouissent de petites choses,Qui disent oui au soleil levantEt à tout ce qui germe de la terre,Dans les bons jours comme dans les mauvais jours.Leur nom n’est jamais écrit dans le journal.Ils ne montrent pas le poing.Ils aiment les gens.Les personnes simples sont des personnes formidables.Sans faire de bruit, Elles font circuler dans le monde un courant d’amour.Elles sont des oasis dans notre désert.Elles sont des étoiles dans notre nuit.Elles sont les seuls poumonsQui permettent encore à notre monde de respirer.

Les morts ne sont pas absents

La grande et triste erreur, c’est de s’imaginer que ceux que la mort emporte nous quittent. Ils ne nous quittent pas, ils restent.Où sont-ils? Dans l’ombre? Oh non! C’est nous qui sommes dans l’ombre. Eux sont à côté de nous, sous le voile, plus présents que jamais. Nous ne les voyons pas, mais eux nous voient. Oh! consolation ineffable, les morts sont des invisibles, ce nesont pas des absents.Ce qui peut le mieux consoler ceux qui pleurent, le voici: c’est la foi à cette présence réelle et ininterrompue de nos morts chéris, c’est l’intuition claire, pénétrante que, par la mort, ils ne sont ni éteints, ni éloignés, ni même absents, mais vivants, près de nous, heureux, transfigurés, et n’ayant perdu dans ce changement glorieux ni une délicatesse de leur âme, ni une tendresse de leur cœur, ni une préférence de leur amour.Mgr Bougaud

9Aimer, c’est vivre et faire vivre…

Tout au long de notre vie, au jour le jour, nos petits gestes, notre discrétion, notre serviabilité peuvent devenir une prière.Qu’a fait Thérèse de Lisieux?Balayer des couloirs, laver des carreaux, repasser du linge, nettoyer des légumes…Sa grandeur n’est pas dans ce qu’elle a fait, mais dans le message de la tendresse d’un Dieu Père à l’égard des plus petits et de ses enfants. Sans prêcher, sans convertir personne, elle a été simplement une petitefille qui s’est laissée envahir par la tendresse de Dieu.Chacun de nous, quel que soit son âge, sa religion, son parti politique, attend des autres un regard de respect et d’amour qui l’invite simplement à être lui-même.Lorsque nous rencontrons quelqu’un disposé à nous écouter, à se laisser émouvoir par les évènements de notre vie, par notre souffrance, c’est à ce moment précis que le visage de Dieu se fait visible et nous découvre sa proximité et sa beauté.Oui, nous connaissons de ces hommes et de ces femmes dont le cœur est en permanence ouvert aux souffrances et inquiétudes d’autrui.Ceux-là ont le don de faire couler une sorte de baume sur nos blessures les plus intimes, de faire vibrer en nous la présence d’un amour jaillissant du cœur même de Dieu…Quand les petits gestes de la vie sont porteurs de cette présence, alors le cœur se met à parler au cœur, alors la vie toute simple devient une prière…Jacques Patout (revue Fidélité)

Ceux qui n’ont jamais fait parler d’eux…

Ils sont nombreux les bienheureuxqui n’ont jamais fait parler d’euxet qui n’ont pas laissé d’image…Tous ceux qui ont, depuis des âges,aimé sans cesse de leur mieuxautant leurs frères que leur Dieu!Ceux dont on ne dit pas un mot,ces bienheureux de l’humble classe,ceux qui n’ont pas fait de miracles…Ceux qui n’ont jamais eu l’extase,et n’ont pas laissé d’autre tracequ’un coin de terre ou un berceau…Ils sont nombreux, ces gens de rien,ces bienheureux du quotidien,qui n’entreront pas dans l’histoire.Ceux qui ont travaillé sans gloire,et qui se sont usés les mainsà pétrir, à gagner le pain…Ils ont leurs noms sur tant de pierres,et quelquefois dans nos prières…Mais ils sont dans le cœur de Dieu!Et quand l’un d’eux quitte la terre,pour gagner la maison du Père,Une étoile naît dans les cieux…Robert Lebel

11Oui, mais…

Oui nos mains vont disparaître…Mais nos poignées de main, mais nos signes de bonjour, mais nos gestes d’adieu, mais l’invisible chemin de nos caresses… nousn’allons pas les brûler.Oui nos pieds vont disparaître… Mais la foulée de nos promenades, mais l’élan de nos courses, mais le saut de nos jeux, mais le pas de nos danses et de nos rendez-vous…  nous n’allons pas les noyer.Oui, nos visages vont disparaître, et nos oreilles, et nos lèvres et nos yeux… mais nos sourires, mais nos écoutes, mais nos regards, mais nos baisers… nous n’allons pas les enterrer.Gabriel Ringlet,Un peu de mort sur le visage

Dans la pièce d’à côté

La mort n’est rien.Je suis seulement passé dans la pièce d’à côté.Je suis moi et tu es toi.Ce que nous étions l’un pour l’autre,nous le sommes toujours.Donne-moi le nom que tu m’as toujours donné.Parle-moi comme tu l’as toujours fait.N’emploie pas un tondifférent.Ne prends pas un air solennel ou triste.Continue à rirede ce qui nous faisait rire ensemble.Prie, souris, pense à moi.Que mon nom soit prononcé à la maisoncomme il l’a toujours été.La vie signifie ce qu’elle a toujours signifié,elle est ce qu’elle a toujours été.Le fil n’est pas coupé.Pourquoi serais-je hors de ta pensée,simplement parce que je suis hors de ta vue?Je t’attends, je ne suis pas loin,juste de l’autre côté du chemin.Tu vois, tout va bien!Attribué à Henry Scott

13Comme un voilier

Je suis debout au bord de la plage, un voilier passe dans la brise du matin et part vers l’océan.Il est la beauté, il est la vie.Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.Quelqu’un à côté de moi dit:«Ilest parti»Parti vers où? Parti de mon regard, c’est tout…Son mât est toujours aussi haut, sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.Sa disparition totale de ma vue est en moi, pas en lui.Et juste au moment où quelqu’un près de moi dit: «Il est parti», il y en a d’autres qui, le voyant poindre à l’horizon et venir vers eux, s’exclament avec joie: «Le voilà!…»C’est ça, la mort.Attribué à W. Blake

14L’histoire de Simon

Chaque jour, sur le coup de midi, quand sonnait l’angélus, il pénétrait dans la vieille église du village. La sacristine qui le voyait entrer et sortir presque auusitôt, fut inquiète. Elle avertit Monsieur le Curé. Sait-on jamais? Intrigué, celui-ci décida de se poster derrière une colonne et d’observer. Notre ami entrait, allait jusque devant l’autel, faisait une génuflexion et s’en retournait. Plusieurs jours de suite, le curé observa le même rite. Il sortit enfin de sa cachette et interpella le mystérieux visiteur:-Que fais-tu là?-Je viens faire ma prière, Monsieur le Curé.-Elle n’est pas très longue…-Je sais. Je ne suis pas capable de mieux, mais elle lui suffit.-Tu n’as pas le temps de réciter un Ave Maria…-Oh non! Je dis simplement: Bonjour Jésus, c’est Simon!Un jour, on nevit plus Simon au village. C’est que, devenu trop vieux, on avait dû l’emmener dans un hospice. Là, personne ne venait le voir. Pourtant, il avait l’air heureux, surtout vers midi… Sans doute s’agenouillait-il dans l’église de son cœur et redisait la même prière: «Bonjour Jésus, c’est Simon!»C’était le dimanche de Pâques. Midi approchait. Simon était endormi sur son lit. Un rayon de soleil illuminait son visage serein. Au milieu du sommeil, il se mit à sourire. Il rêvait. Il vit quelqu’un de beau et de lumineux s’approcher de lui. Lentement. Paisiblement. Et puis, d’un geste de la main, cet inconnu le salua et lui dit: «Bonjour Simon, c’est Jésus!»De ce rêve, Simon ne s’est jamais réveillé.C’était sa Pâque éternelle

Cherchez en avant

Celui qui est parti, ne le cherchez pas en arrière, ni ici, ni là, ni dans les vestiges matériels qui vous sont naturellement chers. Il n’est plus là, il ne vous attend plus là. C’est en avant qu’il faut le chercher, dans la construction de votre vie renouvelée…Soyez lui fidèle là, et non point dans une sentimentalité rétrospective avec laquelle il faut avoir le courage de rompre. Sa véritable trace n’est pas dans certaines manifestations de son activité. Sa disparition même, si douloureuse qu’elle puisse vous paraître, doit vous libérer, non vous déprimer.Non pas oublier, mais chercher en avant. Malgré tout ce que vous pouvez sentir ou croire, reconnaître avec évidence que votre vie doit se poursuivre. Je suis persuadé qu’elle commence. Décidez-vous seulement à ne plus vivre dans le passé, ce qui ne veut pas dire que vous oublierez celui-ci, mais seulement que votre manière –la vraie –de lui être fidèle doit consister à construire en avant, c’est-à-dire à être digne de lui.Ne vous isolez donc pas. Ne vous repliez pas au fond de vous-mêmes. Mais voyez le plus possible vos amis. Donnez-vous. C’est ce don qui vous libérera et vous épanouira.Pierre Theilhard de Chardin

Ne pleure pas si tu m’aimes

Si tu savais le don de Dieu et ce que c’est que le Ciel! Si tu pouvais, d’ici, entendre le chant des anges et me voir au milieu d’eux!Si tu pouvais voir se dérouler sous tes yeux les horizons et les champs éternels, les nouveaux sentiers où je marche!Si un instant tu pouvais contempler comme moi la Beauté devant laquelle toutes les beautés pâlissent!Quoi! Tu m’as vu, tu m’as aimé dans le pays des ombres, et tu ne pourrais ni me revoir, ni m’aimer encore dans le pays des immuables réalités?Crois-moi, quand la mort viendra briser tes liens comme elle a brisé ceux qui m’enchaînaient, et quand un jour que Dieu connaît et qu’il a fixé, ton âme viendra dans le Ciel où l’a précédée la mienne, ce jour-là tu reverras celui qui t’aimait et qui t’aime encore, tu retrouveras son cœur, tu en retrouveras les tendresses épurées.A Dieu ne plaise qu’entrant dans une vie plus heureuse, infidèle aux souvenirs et aux vraies joies de mon autre vie, je sois devenu moins aimant!Tu me reverras donc, transfiguré dans l’extase et le bonheur, non plus attendant la mort, mais avançant d’instant en instant, avec toi, qui me tiendras la main, dans les sentiers nouveaux de la lumière et de la Vie, buvant avec ivresse au pied de Dieu un breuvage dont on ne se lasse jamais et que tu viendras boire avecmoi.Essuie tes larmes et ne pleure plus, si tu m’aimes.Selon St Augustin

Pour un jeune mort sur la route

Ne disons pas: «Ce n’est pas juste.»  Que savons-nous de ce qui est juste?Ne disons pas: «C’est un très grand malheur.»Passerons-nous notre vie à attendre de très grands bonheurs?Ne savons-nous pas que bonheur et malheur font la paire?Qu’ils servent d’étalons l’un à l’autre?Que l’un ne va pas sans l’autre?Ne disons pas: «Il est parti.»A partir d’aujourd’hui, au contraire, Tobias nous sera toujours présent.Laissons monter en nous la tristesse et les larmes, elles sont les sœurs de la joie et des rires.Mais méfions-nous de la douleur et de la désespérance qui isolent et nous divisent.Tobias est mort et nous, nous allons vivre avec ça.A partir de maintenant, la mort de Tobias va faire partie de notre Vie.Nous avons le pouvoir de décider si ce qui arrive va nous miner stérilement ou si au contraire, cela va nous aider à devenir plus forts, plus sensibles, plus modestes, plus instruits, plus présents, plus vivants.Prenons soins de nous, prenons soins les uns des autres et vive la vie

Quand je partirai

Quand je partirai, libérez-moi, laissez-moi aller.J’ai tant de choses à voir et àfaire.Ne vous attachez pas à moi à travers vos larmes.Soyez heureux de toutes les années passées ensemble.Je vous ai donné mon amour, et vous pouvez seulement deviner combien de bonheur vous m’avez apporté.Je vous remercie pour l’amour que vous m’aveztémoigné, mais il est temps maintenant que je poursuive ma route.Pleurez-moi quelque temps, si pleurer il vous faut.Et ensuite, laissez votre peine se transformer en joie, car c’est pour un moment seulement que nous nous séparons.Bénissez donc les souvenirs qui sont dans votre cœur.Je ne serai pas très loin, car la vie se poursuit.Si vous avez besoin de moi, appelez-moi, je viendrai.Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je serai près de vous.Et si vous écoutez avec votre cœur, vous percevreztout mon amour autour de vous, dans sa douceur et sa clarté.Et puis, quand vous viendrez à votre tour par ici, je vous accueillerai avec le sourire et vous dirai: «Bienvenue chez nous!»D’après un texte hawaïen

Il est urgent d’aimer

«Pourquoi Dieu l’a-t-il repris?Est-ce que ça peut exister, un Dieu qui laisse tuer les enfants?Jésus répondit doucement à Mochèh.«N’essaie pas de comprendre l’incompréhensible. Pour supporter ce monde, il faut renoncer à saisir ce qui te dépasse. Non, la mort n’est pas injuste puisque tu ne sais pas ce qu’est la mort. Tout ce que tu sais, c’est qu’elle te prive de ton fils. Mais où est-il? Que sent-il? Il ne faut pas se révolter: tais-toi, ne raisonne plus, espère. Tu ne sais pas et tu ne sauras jamais comment pense Dieu. Tout ce que tu sais, c’est que Dieu nous aime.-Mais enfin, répondit Mochèh, tu n’éprouves rien? Lorsque ton père est mort tu as pleuré, pourtant! Qu’est-ce que tu pensais?-Lorsque papa est parti, je me suis dit que je n’avais plus une heure à perdre pour aimer ceux que j’aime, je ne pouvais plus remettre. Non, Mochèh, devant le mal, je souffre, mais la souffrance n’est pas une occasion de haïr, c’est une occasion d’aimer.Ton fils aîné est mort? Aime-le encore plus.Et surtout aime les autres, ceux qui restent, et dis-leur.Vite. C’est la seule chose que nous apprend la mort: qu’il est urgent  d’aimer.»Eric Emmanuel Schmitt

Histoire de larves

Elles étaient si bien, dans le fond de l’étang, les petites larves. Elles formaient un groupe de trois amies, inséparables. Elles n’étaient pas les seules, bien sûr, il y en avait d’autres. Elles avaient d’ailleurs remarqué que, de temps en temps, certaines quittaient l’étang, s’élevant et disparaissant à tout jamais. Que leur arrivait-il donc? Parlant de tout cela, nos trois amies se firent l’une à l’autre la promesse que, si un jour cela leur arrivait, elles feraient signe aux autres pour les informer de ce qui se passe là-haut.Et ce jour arriva. L’une d’entre elles s’éleva, s’éleva… Elle tomba dans un profond sommeil et lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle découvrit un monde merveilleux: soleil, arbres, fleurs… Elle avait quitté l’étang. Et quelles transformations en elle! Elle qui, jusque-là, n’avait fait que nager entre deux eaux pouvait maintenant voler en plein ciel.Après ce moment d’immense joie, elle se souvint de sa promesse. Elle voulut faire signe à ses amies. Avec sa petite tête, elle fit des ronds sur l’eau, comme si des gouttelettes tombaient à la surface. Les amies du fond de la mare les remarquèrent. «Que se passe-t-il donc? Il ne pleut pas et pourtant, il y a les petits cercles…» Notre amie, voyant qu’elle n’était pas comprise, essaya une autre technique: elle se mit à cueillir des feuilles et les sema à la surface. «Tiens, voilà maintenant des feuilles qui tombent, et ce n’est pas encore l’automne…» Comment donc communiquer si aucun des signes n’est compris? se demanda notre évadée. Fallait-il qu’elle plonge elle-même? Mais ses copines larves n’avaient jamais vu une libellule. Elle n’aurait pas cru que c’était l’ancienne larve qui leur rendait visite.Décidément, il n’est pas facile de parler aux autres d’un lieu où ils n’ont pas encore été. Il faudra donc que ses amies attendent leur propre transformation pour comprendre…C.D

La fleur et la chenille

La pomme serait-elle la récompense de la fleur et le papillon, celle de la chenille?  Comme si le jardinier accrochait une pomme à la place de la fleur qu’il trouvait jolie.  Comme si un papillon venait remplacer une chenille qui a bien rampé.Et si l’on disait plutôt que la pomme est le fruit de la fleur et le papillon, l’épanouissement de la chenille? La fleur doit accepter d’être déshabillée par le vent et la chenille semble mourir dans son cocon, mais c’est bien la fleur qui est devenue fruit et la chenille, papillon.Ainsi l’éternité. Elle n’est pas tant une récompense que le fruit mûr du temps, le rendez-vous enfin réussi avec soi-même, les autres et Dieu.Charles Delhez

22Le sable et la pierre

ls étaient bons amis. Ils voyageaient dans le désert. Mais, ce jour-là, une dispute éclata. A bout d’arguments, l’un des deux gifla l’autre. L’ami humilié s’arrêta, de son doigt, écrivit dans le sable: «Aujourd’hui, mon ami m’a giflé.»Ils continuèrent leur voyage en silence. Au bout de plusieurs jours, ils se retrouvèrent au bord d’un fleuve qu’il leur fallait traverser à la nage. Ils se jetèrent à l’eau, maisaprès quelques brassées, celui qui avait été giflé se mit à couler. Son ami, alors, le prit à bras-le-corps et l’amena sur l’autre rive. Revenu à lui, le rescapé chercha une grosse pierre et, sur celle-ci, grava avec un stylet: «Aujourd’hui, mon ami m’a sauvé de la noyade.»«Pourquoi, lors de notre dispute, as-tu écrit ton message dans le sable et, aujourd’hui, le graves-tu sur la pierre? demanda le sauveteur.Quand un ami nous offense, répondit le rescapé, il faut l’écrire sur le sable afin que, rapidement le vent du pardon l’efface. Mais lorsqu’un ami est bon pour nous, il faut le graver dans la pierre pour que jamais le cœur ne l’oublie.»Légende arabe

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Les pas sur la plage

J’ai fait unrêve:je cheminais sur une plage,Côte à côte avec le Seigneur.Nos pas se dessinaient sur le sable,laissant une double empreinte,la mienne et celle du Seigneur.Je me suis arrêtépour regarder en arrière.Et en certains points,au lieu de deux empreintes,il n’y en avait qu’une.Les points à empreinte uniquecorrespondaient aux jours les plus sombresde mon existence:jours d’angoisse, jours d’égoïsmeou de mauvaise humeur,jours d’épreuve ou de doute.Alors, me retournant vers le Seigneur,Je lui dis:«N’avais-tu pas promisd’être avec nous chaque jour?Pourquoi m’as-tu laissé seulaux pires moments de ma vie,aux jours où j’aurais eu tellementbesoin de toi?»Et le Seigneur m’a répondu«Mon enfant,les jours où tu ne vois qu’une tracesont les jours où je t’ai porté.»D’après Ademar de Barros (poète brésilien)

Tu as beaucoup voyagé

Tu as beaucoup voyagé, les nécessités du travail t’ont conduit d’un coin à l’autre, deux ans ici, quatre plus loin et dix ans ailleurs, tu allais où l’on t’envoyait.Partout, tu t’es fait des amis, partout tu as laissé des souvenirs, nous repensons aujourd’hui à cela.Mais aujourd’hui, c’est un autre voyage qui t’emmène loin de nous, dans un autre pays.Ce pays d’où personne ne revient parce que c’est l’aboutissement de tous nos voyages, de toutes nos courses et de nos recherches.Tu es maintenant parti vers Dieu, vers ce pays mystérieux que Jésus appelait le Royaume de Dieu.Nous espérons te retrouver un jour au terme de notre propre voyage quand nous parviendrons, nous aussi, à cette maison où le Père nous attend pour fêter ensemble le monde nouveau.

Hier, aujourd’hui, demain

Nous avions ensemble fait tant de choseset voilà que maintenant tu nous quittes.Nous avons mangé et bu avec toi,avec toi nous avons partagé les soucis et les travaux quotidiens,avec toi nous avons partagé tant de projets et tant d’espoirs.Il y a tant de choses encore que nous aurions voulu faire ensemble.Mais tout cela semble s’arrêter aujourd’hui et ce n’est plus ensemble que nous allons réaliser ce que tu espérais.Nous voudrions nous souvenir de toi, continuer de travaillerà tout ce que tu attendais,à tout ce que tu espérais.Comme un mur, la mort nous sépare de toi, comme le souffle du vent qui balaie les obstacles, notre amitié, notre affection et notre espérance s’en iront te rejoindre là où désormais tu nous attends près de Dieu

Tu t’en vas

tu n’as pas attendu que soient tournées les pages que nous voulions écrire ensemble,Tu t’en vas, et tu n’as pas attendu le temps de la moisson, le temps de récolter ce qu’ensemble nous avions semé,Tu t’en vas et tu n’as pas attendu que la maison soit finie, les enfants élevés,Tu t’en vas et tu n’as pas attendu, que nous prenions le temps de nous réconcilier avec ceux qui nous ont fait du mal, avec ceux que nous avons blessés.Pourtant j’espère que Dieu t’attend, j’espère qu’il te pardonnera ce que d’autres ne t’ont pas pardonné.J’espère que Dieu fera mûrir les semences déposées en terre, les projets encore en devenir et les amitiés qui commençaient à fleurir

(Décès par suicide)

Pourquoi Seigneur?

Des gens disent que tu as fait un choix,que nous devons le respecter…Des gens disent que tu n’en pouvais plus de vivre.Nous voudrions comprendre ce qui s’est passé,revenir en arrière, pouvoir te parler.Nous n’avons pas su lire les signes de détresse.Mais y en avait-il?Hier encore, tu nous exprimais ta tendresse.Ah! Seigneur pour quoi?Crois-tu, toi, en ce choix que les gens disent faire?Nous voudrions bien le respecter.Pour peu qu’il ait vraiment existé.Les gens disent qu’il (elle) n’en pouvait plus de vivre.Et si c’était de mourir qu’il (elle) n’en pouvait plus?Ah! Seigneur, nous ne savons que dire.Donne-lui de vivre pour l’éternité