Le commentaire pour Panorama
de Marie-Noëlle Thabut, bibliste
Pourquoi avoir peur ?
Marc nous raconte la tempête qui s’est levée subitement sur le lac de Tibériade : “Les vagues se jetaient sur la barque si bien que, déjà, elle se remplissait d’eau .” Les disciples sont pris de peur, tout à coup, d’autant plus que Jésus dort ! “Maître, nous sommes perdus, cela ne te fait rien ?” Alors il intervient, d’un mot, et tout rentre dans l’ordre. Et c’est là qu’une surprise nous attend : car le plus étonnant de ce texte, ce n’est pas la peur des disciples : ni leur première crainte, devant la tempête, ni leur deuxième crainte, en face de celui qu’ils reconnaissent comme Dieu. Le plus surprenant de ce texte, c’est la question que Jésus leur pose : “Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ?” Il s’étonne, il fait même des reproches ! Pourtant, la peur de la tempête n’est-elle pas le commencement de la Sagesse ? Simple lucidité devant notre impuissance, nos limites. Ceux qui, un jour, ont pris conscience d’être sur sur un bateau mal maîtrisé, quand le vent commence à se lever, savent qu’on a vite fait d’avoir peur. Alors quand une véritable tempête se déchaîne, ce doit être terrifiant !
Mais lui, Jésus, semble dire que la peur est un manque de foi : “ Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ?” Et, très calmement, il maîtrise les éléments. Il n’a pas eu peur une seconde, parce qu’il a la foi. Il sait que son Père lui donne d’être capable de commander à la mer et au vent. Devons-nous comprendre que notre sentiment d’impuissance lui-même serait un manque de foi ? Devant les grands problèmes du monde, il y a là, très certainement, une lueur d’espoir.
Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre… Allez donc
Aurions-nous oublié cette phrase entendue le jour de la fête de la Trinité ? Il ne s’agit évidemment pas de prendre nos rêves pour des réalités et de nous croire désormais tout-puissants. La réalité nous dissuaderait très vite. Mais il s’agit d’avoir la foi, c’est-à-dire de croire que, en Lui, désormais, nous pouvons tout ! Y compris maîtriser les tempêtes de nos vies et, en particulier, les forces du mal.
“Dominez la terre et soumettez-la”, a dit Dieu à l’homme et à la femme en les créant. Ce n’était pas une parole en l’air ! C’était, et donc c’est encore le projet de Dieu sur nous. Ce projet de Dieu sur l’humanité s’accomplit en Jésus-Christ. Or nous sommes son corps ! Encore une vérité à ne jamais oublier. Si nous vivons greffés sur lui, nous vivons de sa vie, nous sommes capables, désormais, d’affronter les mêmes combats que Jésus pour maîtriser toutes les tempêtes des hommes, le mal et la haine sous toutes ses formes. Tout chrétien peut dire comme Saint Paul “Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi… ” Il suffit de croire en Lui. Au fond, si je comprends bien, le mot “impossible” n’est pas chrétien !
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