La foule était nombreuse…


La foule était nombreuse, là-bas sur l’autre rive, vers laquelle on voguait. C’était le bon moment, l’occasion à saisir, le succès assuré. On pourrait leur parler, essayer de les convaincre et de les convertir. On ne perdrait pas son temps. Mais voilà que sur­vient un chef de synagogue. Il s’appelle Jaïre. Sa fille est à la mort et elle n’a que douze ans. Son père tombe à genoux et il crie au secours. Et alors voilà que tout passe au second plan, la foule, renseignement, le sermon, le succès. Un enfant va mou­rir. Il n’y a pas de temps à perdre.

Mais une femme, dans la foule, touche son vêtement. Elle aussi a besoin de lui. Les médecins n’ont rien pu et elle a dépensé tout ce qu’elle avait d’argent. Seul Jésus la sauverait, mais il était pressé. Aussi elle se contente de toucher son vêtement et la voilà guérie. Lui s’arrête, se retourne. « Il ne faut pas traîner », disent les conseillers qui aiment les programmes et l’efficacité. Il arrive souvent que l’entourage des grands, même dans notre Eglise, les empêche d’agir et qu’il leur fasse écran. Mais lui, il a senti qu’on a besoin de lui et il prend tout son temps.

Puis il reprend la route. L’enfant est déjà morte mais il leur dit qu’elle dort, même si on se moque de lui. Car l’important pour lui n’est pas de faire un miracle, ni d’avoir du succès, ni de convertir les gens mais de donner la vie à qui la lui demande. Et quand la fille se lève et que tout le monde le regarde, complè­tement bouleversé, rempli d’admiration, c’est encore lui qui dit : « Ce n’est pas moi, c’est elle qu’il faut regarder. Donnez-lui à manger. » Car pour lui, il n’y a qu’un temps qui peut compter vrai­ment, et c’est le temps d’aimer.

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