« Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments »


Jean 15, 1-8

Le commentaire pour Panorama
de Marie-Noëlle Thabut, bibliste


Peut-être faut-il nous faire une âme de vignerons, ou au moins de jardiniers, pour comprendre jusqu’où Jésus nous entraîne. Car, à lire le discours sur la vigne et les sarments, nous découvrons que croire en lui ne signifie pas seulement une option, une adhésion d’ordre intellectuel : il s’agit d’une véritable greffe. Désormais, la même sève nous irrigue, lui et nous ! Voilà qui devrait nous donner toutes les audaces ! “Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ”, disait Saint Paul (Ga 2, 20).
En parlant de vigne, il est vrai, Jésus faisait appel à un thème familier en Israël : les prophètes avaient souvent comparé le peuple à une vigne dont Dieu était le vigneron. Mais Jésus pousse beaucoup plus loin la comparaison : il est lui-même l’ensemble de la vigne, et nous les sarments. Voilà une belle image pour méditer le mystère du Christ total ; elle nous prépare à relire la magnifique phrase de Paul : “Dieu nous a fait connaître le mystère de sa volonté, le dessein bienveillant qu’il a d’avance arrêté en lui-même pour mener les temps à leur accomplissement : réunir l’univers entier sous un seul chef (tête) le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre” (Ep 1, 9-10). Tel est le projet de Dieu, conçu de toute éternité : que nous soyons un Corps, dont le Christ est la Tête.
A l’occasion de la fête de l’Ascension (que nous célébrons ce mois-ci, justement), saint Augustin commentait : “Notre tête est dans les cieux, les membres crient encore des confins de la terre.” Plus près de nous, le Père Teilhard de Chardin nous propose cette fresque de l’histoire humaine : “Dès l’origine des Choses un Avent de recueillement et de labeur a commencé… Et depuis que Jésus est né, qu’Il a fini de grandir, qu’Il est mort, tout a continué de se mouvoir, parce que le Christ n’a pas achevé de se former. Il n’a pas ramené à Lui les derniers plis de la Robe de chair et d’amour que lui forment ses fidèles.” Chaque fois que nous nous approchons de l’Eucharistie, nous consolidons la robe de chair et d’amour de Jésus-Christ.

Nets et purifiés grâce à la Parole

“Tout sarment qui porte du fruit, mon Père le nettoie, pour qu’il en donne davantage.” Nous connaissons bien cette technique de “l’émondage”. Mais si nous détachons cette phrase de son contexte, il y a de quoi nous inquiéter : comment le Père va-t-il nous émonder ? Pour nous rassurer, lisons le verset suivant : “Mais vous, déjà vous voici nets et purifiés grâce à la parole que je vous ai dite.” Voilà quelle est la technique d’émondage du Père : sa Parole. Saint Paul disait quelque chose d’équivalent : “Tout ce qui a été écrit jadis l’a été pour notre instruction” (Rm 15, 4). C’est la fréquentation assidue des Ecritures qui nous préparera à porter du fruit.

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