A la recherche de la paix


Il était une fois une petite ville dont les habitants arboraient toute l’année un visage triste et morose.
Malheureux de voir une telle ambiance régner dans sa ville, le maire fit une proclamation publique :
– Y aurait-il parmi vous un volontaire pour aller chercher la paix ? Je crois que la paix serait la solution à tous nos problèmes !
Un vieux jardinier accepta de partir. Il n’avait pas de plan de route ; pas de destination précise.
Il avait juste dans son bagage ce projet un peu fou… de ramener la paix de son mystérieux voyage.
De longues semaines passèrent, et personne n’avait de ses nouvelles.
Le vieux ne revenait pas et les mauvaises herbes envahissaient son jardin.
Ce spectacle désolait sa vieille voisine. Les fruits et les légumes du printemps allaient être complètement perdus si personne ne prenait soin de cette terre tant aimée et soignée d’ordinaire par le jardinier.
Elle finit par s’armer d’une bêche et se mit au travail pour entretenir le jardin abandonné.
D’autres voisines la regardaient par leurs fenêtres. Elles dirent à leurs grands gaillards de fils :
– Vous n’avez pas honte de rester plantés là devant la télévision pendant que cette vieille dame est penchée sur sa bêche ?
– Personne ne l’y a forcée, marmonnèrent-ils. 
Mais ils étaient bons, au fond d’eux… et ils finirent par la rejoindre.
L’été arriva… le jardinier n’était toujours pas de retour.
Mais son jardin fleurissait et il y avait fort à faire… les arbres croulaient sous le poids des fruits.
D’autres bonnes volontés se proposèrent, et tous ces camarades de travail, se lièrent d’amitié et le jardin devint un petit bijou et une vraie source de bonne humeur et de joie.
On apportait chaque jour d’énormes bouquets de fleurs aux malades des hôpitaux ; on organisa même une grande fête pour déguster ensemble les délicieux fruits et légumes !
C’est au cours de cette fête que le vieux jardinier revint. Il fut accueilli par des ovations.
Un grand silence se fit quand il posa son sac sur le sol.
Tout le monde guettait cette paix promise sûrement cachée dans ce sac.
Et le jardinier prit la parole :
– Je n’ai pas ramené la paix, dit-il. Il parait qu’elle m’a précédé ici.

Charles Delhez

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