L’homme était arrivé en courant près de Jésus. Et il était tombé à genoux devant lui. C’était un homme riche, qui avait de grands biens, un compte en banque garni et des propriétés. Des richesses qu’il avait acquises honnêtement. Rien à lui reprocher. II avait observé tous les commandements depuis qu’il était jeune. « J’ai pas tué, j’ai pas volé », aurait-il pu chanter. Pas de faux témoignage, pas d’adultère non plus : ce n’est pas si facile avec une telle fortune. Un exemple vivant. Un homme parfait, en somme. Jésus le regarda et se mit à l’aimer.
Et derrière cet homme, se profilait au loin l’Eglise, notre Eglise. Toujours courant vers Dieu. Prête à tomber à genoux aux pieds de son Seigneur. Mais si souvent sûre d’elle, d’avoir la vérité, de ne pas se tromper. Si facilement fière de toutes ses vertus, qu’elle donnait en exemple, tant elle était honnête. Et si prompte aussi à donner des leçons. Si soucieuse également d’obtenir du succès, d’attirer la grande foule, de réussir en tout. Risquant de se compromettre, pour y arriver, avec les riches, les puissants. Mais tellement généreuse. Jésus la regardait. II l’aimait, son Eglise.
Alors, Jésus lui dit : « Quitte donc tout cela et donne-le aux pauvres. Et puis, viens et suis-moi. » Libère-toi donc de tout ce qui t’emprisonne. De tes biens, tes richesses. De ce que tu es aussi aux yeux de tous les autres et à tes propres yeux. De ton image de marque, de ton rang, ta vertu. Tu as le dos courbé sous le poids des mérites. L’homme s’est relevé. II a baissé les yeux. II a fait demi-tour. Et il s’en est allé, tout triste d’être riche. Jésus l’a regardé et il n’a pas dit mot. II n’est pas facile d’être Eglise servante et pauvre. L’Eglise que Dieu aime.
Le site de l' abbé Pascal 