On ne s’y ferait jamais


On ne s’y ferait jamais, tellement c’est étonnant, surprenant, dérangeant. Aussi ferait-on tout, et même inconsciemment, pour y mettre bon ordre. Car voilà que Jésus n’avait plus à la bouche qu’un mot, un verbe : aimer. Et il le conjuguait à toutes les personnes : comme mon Père m’aime, comme je vous ai aimés, aimez-vous, vous aussi. Dieu se rendait-il compte qu’en aimant, on se lie, on devient dépendant ? Et que resterait-il de sa toute-puissance, de la crainte du Seigneur qui aide à se soumettre et de l’enfer pour ceux qui n’obéissent pas ? C’est évident : aimer, ça peut vous mener loin.

Et voilà d’ailleurs que, quelques semaines plus tard, tout cela se confirme. Le jour où un Romain, le centurion Corneille, se prosterne devant Pierre. Mais Pierre qui est apôtre, Pierre qui est évêque, même pape dira-t-on, Pierre le relève et lui dit : « Reste debout. Je ne suis qu’un homme, moi aussi. » Mais que deviennent alors les grades, les préséances, les insignes de fonction, les vêtements spéciaux ? Et les prix de vertu? « Dieu aime tous les hommes, avait ajouté Pierre, tous les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste, sans faire de différence. » II va loin, son amour. II va même plus loin qu’on ne le penserait. « Pas de plus grand amour, préciserait Jésus, que de donner sa vie pour ceux-là que l’on aime. » II ne s’agit donc pas de ces amours béats, où tout le monde est beau, tout le monde est gentil. II nous faudrait plutôt faire route avec ceux qui luttent, qui se battent pour que l’homme soit libre dans la société, et dans l’Eglise aussi. Pour que mangent et que vivent ceux et celles qui ont faim. Pour que se mettent debout

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.